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A vos marques, prêts, partez !!!

 Aujourd’hui, c’est le grand Marathon de Paris, 42 km d’effort, 42 km de souffrance, 42 km de dépassement de soi (go go go Johana !!) pendant que moi, perso, je bingeais Black Mirror en mangeant des tartines de chocolat. Si vous êtes également dans une phase de votre vie où le sport n’est plus vraiment de la partie, je vous propose de faire du sport d’une autre façon : en l’étudiant !

En effet, la réaction du corps à l’effort est tout à fait fascinante. La première étape, c’est l’an-ti-ci-pa-tion. Vous êtes prêt, motivé, vous avez mis votre plus beau short, vous avez réussi à planquer votre bourrelet au niveau de l’élastique, vous avez mis votre brassard et préparé une playlist dont vous auriez normalement honte, mais là, c’est ok, c’est pour les beats. Vous êtes chaud ! Et ça se traduit corporellement une activation du cortex moteur de votre cerveau qui va désactiver le système nerveux parasympathique innervant le cœur. Est-ce que cette phrase veut dire que vous allez mourir? Non, juste que sans l’intervention du cerveau le cœur battrait tout seul à environ 100 battements par minute. Votre cerveau intervient au repos en lui disant de se calmer un peu, ce qui permet d’avoir un pouls d’environ 70 battements et d’économiser ainsi de l’énergie. Quand vous vous apprêtez à galoper tel un jeune chevreuil, votre cerveau lève ce contrôle, les battements du cœur s’accélèrent, votre corps reçoit plus de sang et donc d’oxygène pour un même intervalle de temps : vous êtes prêt pour le départ.

Le visage de la motivation et un style de ouf

 Vous commencez à trottiner, jusqu’ici tout va bien, vous assurez, et là bim, au bout de quelques minutes vous commencez à peiner. N’abandonnez pas déjà ! Cela veut simplement dire que vos muscles n’ont plus assez d’oxygène, la concentration en CO2 augmente ainsi que la production d’acide lactique dans vos tissus. En effet, à l’instar des bactéries du yaourt, en absence d’oxygène, vos muscles fermentent des sucres pour produire de l’énergie. Le problème, c’est que ce n’est pas très efficace et qu’en plus, la réaction génère de l’acide lactique, d’où des douleurs musculaires pénibles qui peuvent vous forcer à vous arrêter. Tous ces signaux physiologiques : l’anoxie (manque d’oxygène), la hausse du CO2 dans le sang et l’acide lactique sont autant de messages physiologiques qui vont être interprétés par le cerveau, qui va en retour provoquer une stimulation de la fréquence cardiaque. L’objectif est ainsi de répondre au stress en apportant d’avantage de sang et d’oxygène à vos petits muscles.

De 0 à 10km/h en 1 seconde

Les muscles étant les tissus nécessitant le plus d’oxygène à l’effort, la distribution du sang dans les divers tissus va complètement changer pour assurer une alimentation maximale des muscles. Ainsi, au repos, ce sont vos viscères et vos reins qui reçoivent le plus de sang, en accaparant à eux seuls près de 50% du volume sanguin. Les muscles ne sont alors qu’en 3ème position et votre cerveau en 4ème. Lorsque vous courez, les muscles deviennent prioritaires et récupèrent à eux seuls 86% du volume sanguin ! Vous vous interrogez peut-être sur la faculté du corps a gérer la distribution sanguine, et vous avez raison : celle-ci est modulée par le système artériolaire (les petits vaisseaux sanguins qui irriguent vos organes et muscles) qui a la faculté de se contracter ou au contraire de se dilater en fonction des besoins. Typiquement, on note 2 grandes réactions : à l’effort, les artérioles des muscles et du cœur (les coronaires) se dilatent, permettant ainsi un plus grand débit sanguin. A l’inverse, les artérioles des viscères, reins, et de la peau se contractent, limitant le débit dans ces organes. Fun fact : seul votre cerveau, grâce à un système personnalisé de contrôle du débit sanguin, reçoit exactement la même quantité de sang par minute que vous soyez au repos ou en plein marathon.

Vous commencez à vous sentir bien lorsque votre fréquence cardiaque se stabilise, que votre respiration est ample et calée, et que le débit sanguin est correctement orienté. En général, les coureurs éprouvent du plaisir pendant cette phase de course, les douleurs étant passées. A la fin de l’effort, lorsque vous terminez la course, votre corps va mettre un bon moment avant de retrouver un fonctionnement de repos. Vous allez alors beaucoup suer, pour évacuer la chaleur. En effet, courir échauffe votre corps en raison d’une production très élevée d’énergie et une capacité limitée d’évacuation, pour preuve, un marathonien peut avoir une température corporelle de près de 40°C à la ligne d’arrivée !!! Suer est une façon originale et très efficace de perdre de la chaleur, l’eau sécrétée par vos glandes sudoripares va s’évaporer sur votre peau (et encore mieux s’il y a du vent), et emporter avec elle de la chaleur. Encore plus sophistiqué, dans la sueur, on trouve une molécule particulière : la bradykinine, qui déclenche la dilatation des vaisseaux sanguins de la peau : le débit sanguin  sous cutané augmente fortement, vous êtes alors tout.e rouge et transpirant.e, ce qui permet d’augmenter la déperdition de chaleur. Il est d’ailleurs conseillé d’attendre que vous ayez retrouvé une température normale avant de vous lancer sous la douche, sinon vous allez continuer de transpirer après.

Le plus top dans les marathons, c’est probablement les panneaux d’encouragement

Enfin, la fréquence cardiaque se réduit de nouveau, le cerveau reprend le contrôle. Le volume sanguin quant à lui se répartit de nouveau normalement et c’est généralement le moment où vous allez avoir une fringale d’enfer: vous pouvez y aller, votre corps en a besoin pour reconstruire ses stocks d’énergie.

Voilà, à l’heure où j’écris ce dernier paragraphe d’un billet marathon, une de mes amies vient de finir sa course, et je lui dis un grand BRAVO Johana !!!

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Source :
Livre Biologie tout-en-un BCPST 2ème année