Trois histoires naturelles pour choper le soir de la Saint-Valentin

Comme on l’aura tous compris, parce qu’il est littéralement devenu impossible d’y réchapper : c’est la St Valentin. Google s’est paré d’un cœur, les postes facebook sont sur fond rose, et y a des grosses promos sur les bouquets de fleur. Bon, mais même si vous avez ramené les chocolats, que vous vous êtes lavés et que vous avez réservé la table au restau’ pour (re)conquérir votre date, ça va pas vous aider si votre problème, c’est la conversation. Mais rassurez-vous, je suis là pour vous inspirer !

A l’entrée, histoire de se mettre en appétit, je vous propose de commencer par une approche subtile en décrivant votre attraction irrésistible pour votre partenaire, à l’image du moustique et des odeurs corporelles. En effet, pour trouver son dîner, le moustique erre, lui aussi, jusqu’à saisir la fragance enivrante émise par un être humain (ou quelconque truc avec du sang dedans, mais ça faut pas le dire, restons spécifiques). De façon générale, les moustiques nous repèrent au dioxyde de carbone que nous émettons en respirant. Le CO2 est en très petite quantité dans l’atmosphère avec 400 ppm (parties par million) en temps normal, alors que l’air expiré en contient 40 000 ! si bien que même s’il se dilue vite, il peut être repéré par les antennes sensibles de nos insectes hématophages. Pour pimenter cette discussion, vous pouvez rajouter avec charme que certaines espèces se spécialisent sur d’autres odeurs corporelles, comme la sueur, ou l’odeur de pied (cela peut également être raconté au moment du plateau de fromage, à vous de voir).

Anopheles gambiae : le moustique fétichiste des pieds et qui file la malaria, wtf nature.

Si cette histoire de pied et de moustique n’a pas déjà charmé votre être désiré, vous pouvez attaquer en lui racontant que votre dévotion sera à l’image d’une lotte mâle pour sa lotte femelle. Lorsqu’il rencontre enfin, après dérive dans les courants abyssaux de nos océans, sa dulcinée, le mâle lotte, beaucoup plus petit que la femelle, la mord (n’importe où, rrrrrr) et ne la lâchera plus jamais. Il se branche à son système circulatoire et commence une lente dégradation de son être, jusqu’à ne plus être qu’un sac testiculaire qui produit des spermatozoïdes sur commande. Ca paraît trop clingy? Rassurez votre partenaire en expliquant que les mâles lottes ne voient aucun problème à être plus d’une dizaine sur la même femelle !

Une femelle lotte accompagnées de 2 mâles

Enfin, je vous propose de clore et de score avec la plus belle histoire d’amour de tout le monde animal : celle de deux parasites d’ouïes de poisson. Diplozoon paradoxum est un ver plat, qui éclot en eau douce et vit librement sa jeunesse dans les flots puis s’attache sur une branchie de poisson dont il sucera le sang. Cependant, la solitude, chez cette espèce, est mortelle. Au bout de quelques mois à voguer seul sur son navire, le Diplozoon se laisse mourir. Mais s’il rencontre une autre Diplozoon, alors là, c’est l’amour: ils se collent, s’enchevêtrent et, de façon absolument extraordinaire, fusionnent. Les deux individus ne forment plus qu’un seul, indissociable. Intestins, nerfs, appareils génitaux, tout se croise. Pour ne rien gâcher, ces vers sont hermaphrodites et se fécondent mutuellement. Le partage est symétrique et total. J’ai un peu le cœur qui bat quand je vous écris tout ça, tellement c’est beau, bordel.

Un superbe dessin anatomique de deux Diplozoon paradoxum fusionnés

Bon et si tout ça n’a pas ému votre mate, c’est que vous n’êtes pas félin pour l’autre ! *badoom tsss*

Bisous <3

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